jeudi 12 juillet 2012

LADY S tome 8 : le BAT.

Tout juste deux semaines après le bon à tirer du tome 1 d'"HIGHLANDS", j'étais hier en Belgique, près de la frontière hollandaise (à Turnhout précisément) pour assister chez Proost au bon à tirer du tome 8 de Lady S. C'est la première fois et peut-être la dernière de ma carrière que je vois deux de mes albums imprimés en si peu de temps, mais comme ils sortent le même jour (le 24 août, je le rappelle pour les nouveaux venus...), c'est assez logique. L'idéal aurait été que ça se passe le même jour et chez le même imprimeur, mais bon, je ne vais pas commencer à faire le difficile. Et après tout, ça me donne l'occasion d'un nouveau message sur ce blog.

En arrivant chez Proost hier matin, j'ai d'abord eu très peur car j'ai vu ceci :


Je me suis dit que si le Lady S était imprimé avec ça, je pouvais prévoir de rester jusqu'à la fin du mois. Heureusement, il s'agissait juste d'une vieille presse qui trône dans le hall dans un but purement décoratif. Ouf !

Voici l'endroit où ça se passe vraiment : beaucoup de feuilles également, mais d'une autre sorte.


Partout entre les machines, des palettes de papier vierge ou imprimé. Ci-dessous, 
un petit témoignage de l'émotion qui me submergea soudain : dans un coin du hangar, des pages de Tintin !!!      
                                                                                                                                                  

Mais après cet instant de nostalgie, il est temps de passer aux choses sérieuses. Le premier cahier de"Raison d'Etat", tome 8 de Lady S, est en train de subir les réglages couleurs. Certaines cases manquent de luminosité. On descend le rouge, on monte le jaune. Un peu plus de bleu pour les contrastes, et c'est parti.


Dans ce magnifique clair-obscur que n'aurait pas renié Milton Caniff, nous voyons ci-dessus le conducteur de la machine poser la feuille-témoin et vérifier les ultimes réglages couleur.


L'album est imprimé sur cette KBA huit couleurs. Pourquoi huit couleurs, me direz-vous ? Si, si, je vous entends d'ici. Pour imprimer, il faut les trois couleurs primaires - rouge, bleu, jaune - et le noir. Mais sur cette machine, à mi-parcours, après le passage des quatre couleurs, la feuille est retournée, ce qui permet d'imprimer recto-verso en un seul passage. De plus, la taille de cette machine permet d'imprimer deux cahiers en même temps. Un album de Lady S comporte trois cahiers de 16 pages. Ici, le premier cahier est imprimé en double, mais les deuxième et troisième cahiers seront imprimés sur une seule feuille, en un passage. 


Une fois imprimées, les feuilles s'empilent au bout de la machine. D'après mes savants calculs, celle-ci imprime environ 150 feuilles à la minute. Elle tournera pendant 4 heures 30. Sachant qu'elle imprime le cahier en double, je vous laisse calculer vous-même le tirage de l'album. Je ramasse les copies dans une heure.
Bon, que faire pendant 4 heures et demi ? Il y aura bientôt la couverture à voir, mais en attendant le contre-maître me fait visiter l'usine et me montre le processus de fabrication d'un livre après l'impression des cahiers.

D'abord, la feuille est pliée, puis coupée. Les cahiers ainsi formés sont réunis dans une assembleuse-couseuse que voici.



Dans le même temps, sur une autre machine que voilà, le papier sur lequel est imprimée la couverture est collé sur un carton.


Une autre machine sort les pages de garde.


Puis vient l'assemblage final. La page de garde est collée à la couverture et les cahiers encartés, tout ça dans quoi ? Eh oui, encore une machine. Ne me demandez pas comment ça marche, ça tourne, ça fait du bruit, c'est tout ce que je peux dire. Je reconnais que ce n'est guère évident à comprendre en voyant ces photos, mais si ça peut vous rassurer, ça ne l'est pas davantage quand on est devant la machine.


Je suis rentré chez moi hier soir avec les trois cahiers et la couverture du prochain album de Lady S en kit. Je pourrais essayer de l'assembler moi-même, mais je crois que j'attendrai plutôt mes exemplaires quand ils auront à leur tour subi les différentes étapes de cette fabrication.

Pour finir et vous plonger un peu dans l'ambiance, qui d'autre que Morricone pourrait traduire musicalement l'impression ressentie lors de cette journée. 

4 commentaires:

  1. Très intéressant, merci de nous faire partager ce travail.

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  2. Oui, une viste très instructive qui nous fait découvrir un véritable univers . Et dire que tout commence par une idée et un coup de crayon...

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  3. Merci pour ce nouveau voyage dans les coulisses de fabrication d'un album. Toujours aussi passionnant et instructif !

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  4. Moi qui adore comprendre les mécanismes techniques, j'avoue être jaloux de votre visite. Mais grand merci de nous avoir mis les photos.

    A la fois, je n'ai pas hâte que les vacances se terminent, à la fois je suis pressé de lire vos deux nouveaux albums.

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